Patron tricot : chaussettes à la vanille

Une chaussette tricotée par Madame Guillotine avec sa laine BFL Sock, dans un dégradé de jaune fluo vers du bleu turquoise.

Il existe des centaines de milliers de patrons de chaussette, il n’y a donc aucune contre-indication à ce que je vienne y ajouter le mien.

Rien de bien révolutionnaire dans cet assemblage de techniques, si ce n’est mon éternelle obsession avec le simple et l’efficace ! Voici donc mon patron de base pour toute chaussette dont l’ambition est d’un jour finir à mes pieds. Attachez vos ceintures, e pericoloso sporgersi !


Anatomie d’une chaussette

La chaussette comprend à proprement parler 5 parties distinctes, qui demandent 5 décisions de conception :

  • le bord haut de la chaussette, souvent en côtes,
  • le tube qui entoure le mollet, aussi appelé la tige,
  • le talon,
  • le tube qui entoure le cou de pied,
  • et enfin, le bout qui recouvre les orteils.

De ce simple point de départ, il y a des milliers de variations, à compter par la première d’entre elles : PAR QUEL BOUT SOUHAITEZ-VOUS COMMENCER ?

J’ai personnellement choisi mon camp et vénère la team #ToeUp, qui commence tout d’abord par les orteils, ensuite le cou de pied, le talon, et finit par le mollet et le bord côte. Pourquoi donc ? Tout simplement parce que c’est rudement plus simple de pouvoir essayer sa chaussette en cours de route dans ce sens-là que dans l’autre, tout du moins c’est ce qu’il me semble. Mon opinion n’a pas pour autant valeur de vérité ultime, donc je vous invite à expérimenter. Les deux méthodes ont leurs avantages et leurs inconvénients.


La recette ! La recette !​

Si vous préférez la version méga-concise, la voici, quelle que soit votre configuration d’aiguilles et le nombre de mailles que vous allez monter :

  • Turkish Cast-On (montage à la turque),
  • augmentations des orteils en « yarn over / knit from back loop »,
  • cou de pied en jersey ou point fantaisie au choix sur le dessus uniquement,
  • talon (augmentations et diminutions) avec le Fish Lips Kiss Heel combiné avec cette nouvelle méthode de gousset découverte il y a peu,
  • tige en jersey et finition en côtes, ou tige avec des points fantaisie.

En voici la version détaillée :

Je commence donc par les orteils. Vous suivez jusque là ? Comme susmentionné, je suis une adepte du simple et de l’efficace, j’ai testé quelques techniques et celle que je préfère pour commencer mes orteils est le Turkish Cast-On, ou montage à la turque. Cette technique a deux avantages selon moi : d’une, l’apparence et la finition de l’orteil est vraiment très propre. De deux, adieu l’horrible Kitchener Stitch, une véritable punition quand on doit terminer sa chaussette !

On trouve pas mal de vidéos sur le sujet du Turkish Cast-On, voici celle que j’ai suivi (vidéo en anglais).

Depuis, j’ai filmé une petite vidéo de démonstration d’un montage entier d’un orteil à base de Turkish Cast-on ! Tout se passe ici et ci-dessous.

Il m’arrive aussi de jouer avec le patron « Rounded toe » de Tanja Murray, disponible sur Ravelry pour un peu moins d’un euro et cinquante cents. C’est un bel orteil arrondi, facile à réaliser, avec des augmentations réparties stratégiquement. On peut d’ailleurs combiner le montage à la turque et cet orteil rond !

Combien de mailles faut-il monter ?

En général, je monte entre 12 et 16 mailles, selon la taille du pied que je cherche à réchauffer. Pour mon 37-38 à la largeur somme toute régulière, je monte 14 mailles sur des aiguilles circulaires en 2.5, et je fais mes augmentations jusqu’à ce que j’atteigne 60 mailles (en aiguilles 2,5) ou 64 mailles (en aiguille 2,25). Je monte donc ces 14 mailles avec la technique du Turkish Cast-On, je place des marqueurs entre les mailles 1-14 et les mailles 15-30 (deux marqueurs en tout, un de chaque côté).

Je vais ensuite commencer mon premier rang d’augmentations. Je tricote la première maille du rang, je fais un jeté (yarn over), je tricote les mailles du rang jusqu’à 1 maille avant le 1er marqueur, je fais un 2e jeté, je tricote la dernière maille avant le marqueur, passe le marqueur, tricote une maille, fais un 3e jeté, tricote jusqu’à 1 maille avant la fin du tour, fais un 4e jeté puis tricote la dernière maille.

Comme pour toutes les augmentations, le rang suivant se tricote en jersey simple, à la seule petite différence que je tricote le jeté par  l’arrière de la maille (through the back loop) pour la twister et éviter les trous. Je vais donc faire mon rang circulaire entier, en prenant garde de bien repérer mes jetés et de les tricoter par l’arrière de la maille.

Il suffit ensuite de recommencer un rang d’augmentations en faisant un jeté (yarn over) en laissant toujours une maille de « marge » avant et après chaque marqueur.


La suite !

Nous sommes prêt·es à tricoter le cou de pied. Là, c’est l’autoroute du jersey, ou de tout autre point ou motif que vous avez envie de tricoter. Il est souvent recommandé de n’appliquer les points fantaisie que sur le dessus du pied, rien que pour assurer un confort minimum 🙂

La tâche va se corser bientôt, n’hésitez pas à enfiler régulièrement votre ouvrage sur le bout de vos petons pour voir à quelle longueur vous en êtes.

Le talon…

Une fois que la chaussette arrive à environ 3cm de la fin de mon talon, le moment chaud patate arriveLe talon en German Short RowsVoici ma vidéo de référence (en anglais). Edit : j’ai testé et approuvé intégralement et avec enthousiasme le talon Fish Lips Kiss Heel, disponible au prix d’un euro sur Ravelry et qui les vaut absolument. Je le combine avec cette méthode qui consiste à « préparer » l’arrivée du talon avec un petit gousset sur 12 rangs :

La vidéo :

L’article de blog qui est consacré à cette super méthode

En gros, on va travailler sur la moitié des mailles de notre chaussette (si vous avez gardé vos marqueurs en début et milieu de rang, c’est nickel), et dans cette moitié des mailles, on va réserver quelques mailles au centre et réduire et augmenter avec les mailles qui entourent ce centre pour former notre angle à 90°.

C’est un peu plus casse-tête que les augmentations des orteils, j’ai dû faire quelques talons avant de trouver mon rythme. Mais encore une fois, on bosse ici avec un principe qui assure la simplicité et l’efficacité, et où les mailles sur l’aiguille parlent d’elles-mêmes si jamais on s’y perd.

Le talon se travaille donc sur la moitié inférieure de la chaussette. J’adore les chaussettes contrastées donc il est très fréquent que je tricote le talon dans une autre couleur. Avec un talon en « Fish Lips Kiss Heel », la couleur de contraste fera un angle droit bien net. J’adore.

Une chaussette à talons, orteils et côtes contrastantes dans la laine "Water Lilies" de Madame Guillotine

Il existe d’autres techniques de talons que je n’ai pas encore testé ou que j’ai testé sans conviction du résultat (Peasant HeelAfterthought Heel).

Et après ?

Une fois que le talon est terminé, hé bah c’est l’autoroute du freestyle. Faites bien ce que vous voulez, encore une fois. Un mollet en côtes, une soquette courte, des bas méga-longs… Your stash is the limit.

Une chaussette tricotée par Madame Guillotine avec sa laine BFL Sock, dans un dégradé de jaune fluo vers du bleu turquoise.

Il y a une technique de finition du haut de la chaussette que je voudrais tester très bientôt, celle que Summer Lee Knits propose dans pas mal de ses patrons (que je vous recommande chaudement ! J’adore cette créatrice.) (vidéo en anglais)

Il existe des milliers d’autres techniques, celles que j’ai sélectionnées ne sont pas forcément les meilleures. Il y a d’excellentes méthodes pour faire son talon avec ce qu’on appelle un « heel flap » suivi d’un gousset. C’est vrai que cette technique a l’air de produire des chaussettes qui s’adaptent mieux au cou de pied, et qui procurent une bonne solidité au niveau du talon.

Si vous avez envie d’explorer cette option, je vous invite à suivre ce tutoriel très détaillé et très pédagogique : le Winwick Mum Sockalong (en anglais). C’est celui que j’ai suivi pour tricoter ma toute première paire de chaussettes.

Le mot de la fin : jetez-vous dans le bain !

Vous n’avez jamais tricoté de chaussettes ? Vous hésitez ? Vous aviez juré que les aiguilles en 2,5mm ne passeraient jamais dans vos doigts ? Méfiance. Le virus est très efficace. Une fois la première paire tricotée, on éprouve une satisfaction considérable. Pourquoi ?

D’abord, la chaussette est un accessoire qui se tricote vite. Certes, on doit se plier à une taille d’aiguilles ridiculement petite, mais ça monte à une vitesse grand V, surtout si on fait une chaussette toute simple en jersey. À vous le tricot en regardant la télé, en tout cas dans 80% du temps ! Il n’y a que le talon qui va briser votre paix jerseyenne, et au bout de la 3e paire, vous n’aurez même plus besoin d’indications et ferez votre chaussette sans patron.

Quelle fierté aussi d’arborer ces jolis objets sur nos petits petons ! Certaines paires de mon cru sont de véritables fiertés personnelles.

Amusez-vous bien, et par pitié cédez à la tentation des chaussettes. Ce n’est que du plaisir garanti une fois qu’on est à l’aise avec l’exercice. Bon tricot !

P.S. : si vous avez besoin d’un coup de main sur la technique dite « Magic Loop » pour tricoter en rond avec des aiguilles circulaires et un grand câble, c’est juste ici :