Un pull tricoté main, quoi de mieux pour se sentir immédiatement plus heureux·se ? Impossible de qualifier la vague de fierté qui nous envahit quand on porte quelque chose qu’on a fait soi-même. Le pull représente à mes yeux l’allégorie de la fierté d’un·e maker. Ce sont souvent des pièces conséquentes, qui prennent des plombes à réaliser (bonjour, l’Île de la Manche-tation !) et qui sont bien plus visibles qu’une paire de chaussettes.
C’est en partant au turbin ce matin – les rares fois où je travaille dans le monde du dehors comme par exemple quand je donne des cours d’UX design – que je me décidai enfin (hum) à rentrer les fils de mon Sunday Sweater. En ce faisant, je me suis convaincue qu’une série d’articles sur mes tricots terminés (et portés !) vous passionnerait. Dans un monde idéal, c’est le cas, donc partons là dessus.
Voici un petit tour de mes petits pulls, tricotés avec mes petites mains. C’est parti, Valérie !
Toute première fois, tou-toute première fois
C’était le temps où mon innocence touchante me laissait encore croire qu’il était possible de réaliser des vêtements portables en suivant ma méthode de prédilection, la fameuse méthode « à la zob ». J’ai bien tenté de coudre les pièces illustrées ci-contre, mais après essai, je dus me rendre à l’évidence : le pull ne ressemblait à rien. À ce jour roulé en boule au fond d’un carton, ce projet fera l’objet d’un frogging très bientôt, peut-être pour une renaissance.
La laine est une DMC Wooly 5, elle se tricote comme sur une autoroute et elle est assez douce.
J’ai remis ça quelques temps plus tard avec quelques pelotes de mohair Katia (probablement de l’Ingenua, je ne me souviens plus…) trouvées en soldes chez Le Lyon Qui Tricote. Il a fallu que je m’y reprenne à plusieurs fois, perdant un peu de mohair gris au passage à chaque remontage de mailles. Forcément, quand on travaille sans jauge ni patron, bah c’est pas super pratique.
Au bout d’un moment, j’ai réussi à monter le bon nombre de mailles pour les côtes du bas. Je suis montée, montée, montée… jusqu’aux aisselles, où j’ai changé pour la couleur de contraste. Là, je suis montée encore une fois tout droit jusqu’aux épaules. J’ai ensuite relevé des mailles au niveau des emmanchures, et ai bidouillé des manches qui se sont révélées asymétriques. Mais une fois porté, ça ne se voit pas, n’est-ce pas ! (j’essaie de me rassurer, merci de jouer le jeu, voulez-vous !).
Je voulais un résultat assez fluide, et j’ai malencontreusement réussi à remplir mon objectif 😅
J’ai rapidement dû me rendre à l’évidence : sans patron, rien de vraiment portable. C’est alors l’époque où je tombai sur la talentueuse PetiteKnit. J’étais encore une n00b du tricot, mais son September Sweater m’a prise en traître. Dans ma démarche « à la zob », j’ai parfois des moments de répit. Celui-ci me permit de ne pas commencer mon tout premier tricot avec patron EN CHOISISSANT UN MODÈLE EN BRIOCHE. J’ai tapé dans du plus simple, et fort heureusement, je vous le dis.
Sunday Cardigan
Tricoté dans une laine Ultralight Merino de Katia Concept (toujours fidèle à Le Lyon Qui Tricote), ce petit cardigan monte comme un charme. Ou plutôt descend, car je découvris avec cet ouvrage le bonheur feutré des tricots « top down », de haut en bas, et surtout sur des aiguilles circulaires.
Le coloris est très passe-partout et inspiré du modèle original. Un héritage des 8 dernières années, où j’ai passé mon temps à changer de couleur de cheveux, donc à réduire la gamme colorimétrique de ma garde robe. Depuis je me rattrape, promis-juré.
C’est un modèle très agréable à tricoter, même si j’ai eu du mal à trouver ma jauge et qu’au final, la laine est un peu trop « lâche » à mon goût et n’a pas beaucoup de drapé. Les manches sont bien longues et bien confortables. Deux regrets cependant : le bouton tout en haut pèse sur le col et l’empêche de se tenir droit ; j’hésitais entre 5 et 6 boutons, j’en ai choisi 5 et c’était une erreur. Je pense que l’ensemble aurait été plus joli avec des boutons plus rapprochés. Enfin, la laine bouloche un peu trop à mon goût. Mais que voulez-vous… C’est pas le même délire niveau qualité, tmtc.
Imaginez-moi à l’époque, en vitesse de croisière sur l’autoroute du tricot dans ma décapotable modèle « PetiteKnit ». Voici donc le Sunday Sweater, tricoté avec 4 (ou 5, je ne me souviens plus) pelotes de Shadow de chez Katia. Encore. Bah oui, j’ai mis du temps à découvrir les laines teintes à la main.
Sunday Sweater
On ne m’arrêta plus. Et surtout, je ne l’ai recommencé qu’une seule fois, ce qui tient du miracle. La seule modification sur le patron fut de ne pas « replier et doubler » le col et de le traiter en col cheminée. J’ai réussi à jongler avec les pelotes et faire correspondre à peu près le dégradé, heureusement très régulier (l’avantage des laines du commerce !).
Ces manches ballon sont tellement cool 😍 ! Parfois un peu longues et encombrantes, ceci dit. Il m’arrive de frôler des objets cassants avec, c’est sympa pour se faire des frayeurs…
Le pull est très cool. Il n’y a ni devant ni derrière mais pourtant il est très bien coupé, c’est le tour de force des modèles de PetiteKnit, je trouve. Sur ce genre d’encolures très simples aux augmentations régulières, pas de rangs raccourcis, pas de techniques spéciales, juste des pulls qui s’enfilent et tombent super bien.
Le modèle est tellement chouette et facile à exécuter que je l’ai acheté en version « mohair », vous le retrouverez plus bas dans ce billet.
ENCORE DU « PetiteKnit » ? Mais oui les ami·es ! On ne change pas une équipe qui gagne ! Un peu de patience, la variété arrive sous peu. Mais pour le moment…
Louisiana Sweater
J’ai été immédiatement séduite par la simplicité et l’évidence du modèle. Son style est à la fois passe-partout et notable, son montage super agréable et rapide.
Mon seul regret : la qualité de la laine utilisée. J’avais acheté en soldes cinq ou six pelotes d’Alaska de Bergère de France. Même si elle est assez agréable à tricoter, c’est une laine qui contient 50% d’acrylique. Le toucher est très synthétique, la laine peignée qui constitue les 50% restants ne suffit pas à compenser. Cerise sur le gâteau (ou plutôt mouche sur le fruit périmé) : forcément, ça bouloche.
Ce qui est certain, c’est que l’hiver prochain, je m’en tricoterai un autre dans une belle laine de qualité et dans une couleur un peu plus intéressante que ce beige-mastic pas très jobard, vous en conviendrez. Après, le beige va avec tout, donc c’est la solution de facilité.
Le mimi, le miracle, j’ai réussi à terminer un en-cours entre le début de la rédaction de ce billet et le jour de sa publication. C’est la première fois que le tricot d’une pièce entière fut aussi rapide pour moi (moins de 2 mois). Motivée par le « knitalong » organisé par Qing Fibre, ambiancée par mon amie Gaëlle, j’ai tricoté comme si ma vie en dépendait.
Romola Wrap
Tricoté intégralement en laines Guillotine, c’était la première fois où je pouvais enfin tester mes propres bases et couleurs dans un vêtement qui m’était destiné. Et quel bonheur… La base BFL Silk (55% Bluefaced Leicester et 45% soie) est… indescriptible. Doublée avec deux fils de Suri Silk Lace, le mot douceur ne suffit même plus. Je pourrais porter ce cache-cœur à même la peau si je le voulais.
Le patron lui-même est vraiment intéressant et a représenté un bon petit défi parfois, tant les instructions demandent d’être relues avec attention. Les différences de conception entre les tailles ne sont pas affichées de la manière la plus claire possible, on se retrouve souvent à devoir faire des calculs et laisser des marqueurs un peu partout pour ne pas avoir à recompter depuis la dernière fois où le patron dit « reproduisez 4 fois la section précédente » et que t’as totalement perdu le numéro du rang où tu dois être.
Mis à part ces « détails », le patron est très original. Ce cache-cœur conçu d’une seule traite capte tout de suite l’attention, surtout avec ses détails comme le jacquard des manches et la forme des manches « cloche ». J’ai fait pas mal de petites modifications que j’ai bien notées sur la page Ravelry du projet.
Le patron est (pour l’instant j’espère) limité aux tailles XS jusqu’à 2XL. J’ai tricoté une taille S, mais vu que je n’ai quasiment rien de disponible pour remplir un quelconque décolleté, pensez peut-être à passer à la taille au dessus si vous avez les bonnets plus grands.
Sunday Sweater, Mohair Edition
Petit retour chez PetiteKnit avec son fameux Sunday Sweater Mohair Edition, dans une Silky Lace de Katia Concepttricotée avec un brin de mohair de chez Countess Ablaze, dont le doux nom est « Guilty Pleasures: stalking your ex on Instagram« . La comtesse et son équipe sont les champion·nes toutes catégories de nommage de laine, juste derrière mon tendre époux.
Voici donc le petit pépère. Il se construit exactement comme son grand frère, sauf que la jauge est effectivement plus petite et que j’ai choisi de lui faire des manches trois-quart pour l’alléger un peu. C’est une option offerte par le patron de Mette, d’ailleurs.
Rien de nouveau sous le soleil, un patron très satisfaisant, très didactique et d’un tomber impressionnant sachant qu’on n’a ni recours aux rangs raccourcis ni aucune autre technique autour du col ou des épaules. Un col tout simple, une encolure en rond avec des augmentations régulières, on sépare les manches, et POUF ! Un petit pull qui déboite. Y’a pas à dire, moi ce genre de projets, ça me ravit.
Commencé il y a bien bien trop longtemps (de mémoire, fin 2019 ?), je viens tout juste de le terminer, sous la pression de publication de cet article. J’avais trop honte de le laisser dans la partie ci-dessous…
Au porter, je me rends compte que les côtes torses sur les manches n’étaient pas forcément une super idée. La partie côtes se retrouve un brin trop étroite et me serre les bras, voire me gratte un peu… Note pour plus tard : les côtes torses oui, mais pas aux endroits où on a besoin d’espace, nom d’un chien !
…Et les en-cours !
Vous commencez à me connaître : parmi mes nombreuses particularités, je ne suis pas la femme d’un seul en-cours. J’ai besoin de variété, et en nombre. J’ai rarement moins de 5 Work In Progress à la fois.
Parmi eux, un Shifty Sweater d’Andrea Mowry que j’ai monté lors de l’équinoxe 2020 puis frogged (défait) un peu plus tard car la taille était trop grande pour le rendu plus moulant que je souhaitais obtenir. Je compte remonter ce pull cet été car il est bien trop beau (et agréable à tricoter) pour que je le laisse de côté. Néanmoins, mon cerveau est vite mis en PLS par la perspective infinie d’harmonies de couleurs. Vu que je change d’avis comme de chemise, il va falloir que je me décide. Il est même possible qu’après réflexion, je change carrément d’harmonie colorée. Si vous saviez comme c’est épuisant d’aimer toutes les couleurs ET en plus d’être indécise…
Celui-ci est un projet qui traîne depuis bien trop longtemps maintenant, mais j’éprouve beaucoup de mal à m’y remettre. Allez savoir pourquoi, parce que non seulement le modèle est hyper cool, mais la laine est sublime. C’est le Extra Texture Sweater de Westknits avec une laine absolument sidérale de Countess Ablaze, mon cadeau de Noël 2019.
Comme tous les patrons WestKnits, c’est la surprise à chaque rang. La construction est épatante, parfois déroutante, mais le résultat est extraordinaire. J’ai longtemps cherché LE modèle qui sublimerait la laine de Countess Ablaze, car son coloris est quand même particulier. Finalement, je sens qu’il va aller à ravir sur un jean noir taille bien haute et une paire de Doc Martens.
J’espère que ce petit tour de garde-robe vous aura inspiré·e ! La suite se trouve à l’épisode précédent, puisque j’ai préparé mon « Make Nine 2021 » il y a peu, et il est consultable sur ce blog.
J’ai un besoin urgent de châle coloré pour ce printemps parfois frileux, mais le prochain pull sur mes aiguilles sera le HØST de LucienneTricote.
Avez-vous testé ces modèles ? Vous en avez pensé quoi ?